Victimes de violence et de traumatisme cérébral
Comprendre l'intersection de la violence entre partenaires intimes et du traumatisme craniocérébral
présenté par ABI Research Lab
La boîte à outils a été mise à jour! Découvrez ce qu'il y a de nouv...
Expériences de survivantes
Chaque année au Canada, des milliers de femmes sont victimes de violence entre partenaires intimes (VPI) pouvant causer des traumatismes craniocérébraux (TCC) permanents invalidants. Ce lien, et ses conséquences, demeurent toujours inexplorés.
Dans le monde entier, la violence entre partenaires intimes est une cause majeure de blessures non mortelles dont subissent les femmes.
Les blessures les plus fréquentes sont au niveau de la tête, du cou et du visage. De telles agressions peuvent entrainer un traumatisme craniocérébral, et c'est souvent le cas.
On estime que 19 à 75 % des survivantes de violence entre partenaires intimes subissent un traumatisme craniocérébral par suite de la violence dont elles ont été victimes.
Ces femmes sont pourtant constamment laissées pour compte lorsqu’elles s’orientent parmi les services de soutien, alors qu’elles tentent de quitter leur conjoint abusif ou conjointe abusive, et même après.
Les survivantes de violence entre partenaires intimes ignorent souvent qu’elles ont subi un traumatisme craniocérébral.
Les intervenants et intervenantes de première ligne ignorent possiblement également la corrélation entre la violence entre partenaires intimes et le traumatisme craniocérébral, ce qui complique la mise au point de services essentiels.
Victimes de violence et de traumatisme cérébral : une boîte à outils
Violence entre partenaires intimes (VPI)
Traumatisme craniocérébral
(TCC)
Victimes de violence et de traumatisme cérébral a été créé pour attirer l’attention sur le lien très méconnu entre la violence entre partenaires intimes et le traumatisme craniocérébral. Afin d’améliorer la vie des survivantes ainsi que le milieu de travail des intervenants et intervenantes de première ligne, cette boîte à outils fournit de l'information, des ressources, des études et des recommandations de pratique pour ainsi offrir des services appropriés. Cette boîte à outils est une ressource évolutive qui est mise à jour continuellement.
Nous reconnaissons que cette boîte à outils, dans sa forme actuelle, ne comprend pas toutes les situations. Bien que nous nous efforcions de présenter les ressources de manière aussi universelle que possible, nous reconnaissons que cette boîte à outils ne s’applique pas au contexte de tous les groupes.
Quoi de neuf?
Depuis son lancement en 2019, cette boîte à outils a reçu des commentaires des plus positifs. Nous avons observé la mise en œuvre de cette ressource inestimable et constaté qu'elle peut continuer de se développer et d'évoluer. Nous ajoutons donc régulièrement de nouvelles informations et fonctionnalités pour soutenir les prestataires de services et les survivantes. Voici quelques-uns des ajouts récents :
L’intersection de la violence entre partenaires intimes et du traumatisme craniocérébral
La violence entre partenaires intimes est un problème social important. Il s’agit d'une cause principale de blessure non mortelle dont subissent les femmes à l’échelle mondiale, et celles-ci sont plus à risque que quiconque1. L'impact de la violence entre partenaires intimes est encore plus important lorsqu’il est combiné à un autre gros problème de santé publique : le traumatisme craniocérébral. La fréquence de blessures au cerveau possibles chez les survivantes de violence entre partenaires intimes varie de 19 à 100 %, selon les caractéristiques de l’échantillon2.
C’est ce que l’on appelle l’intersection du traumatisme craniocérébral et de la violence entre partenaires intimes.
Les blessures les plus fréquentes sont au niveau de la tête, du cou et du visage3-5. Jusqu’à 92 % des incidents de violence entre partenaires intimes impliquent des coups à la tête et au visage, et un étranglement3. De telles agressions peuvent entrainer un traumatisme craniocérébral, et c'est souvent le cas6.
Au Canada, la violence entre partenaires intimes représente plus d’un quart des crimes violents signalés à la police. 77 % de ces incidents impliquent une agression physique (se faire pousser, frapper ou étrangler), et la majorité concerne les femmes (76 %)7. Ces chiffres sont probablement en deçà de la réalité, compte tenu de la nature sensible du signalement de violence de la part d’un ou d’une partenaire intime. En fait, il semble que moins d’un tiers des femmes dénoncent un incident de violence entre partenaires intimes8.
La violence entre partenaires intimes se caractérise par un cycle de violence qui se répète au fil du temps. Il s’agit rarement d’un événement isolé. Par conséquent, les femmes qui se font frapper ou étrangler de façon régulière sont exposées à un grave risque d’invalidité permanente causée par des blessures répétées au cerveau9. Puisqu’elles ignorent souvent qu’elles ont subi un traumatisme craniocérébral, il est peu probable qu’elles consultent. Il semble que jusqu’à 75 % des femmes chez qui l’on soupçonne un traumatisme craniocérébral ne consultent pas6. Les survivantes et les prestataires de soins peuvent également confondre les symptômes de traumatisme craniocérébral avec ceux de la détresse émotionnelle provoquée par la violence elle-même10.
Les traumatismes craniocérébraux sont considérés comme étant une épidémie silencieuse, et c’est particulièrement vrai pour les survivantes de violence entre partenaires intimes. Il est difficile et parfois impossible de percevoir la blessure. Il est essentiel de comprendre le lien entre la violence entre partenaires intimes et le traumatisme craniocérébral afin d’aider les intervenants et intervenantes de première ligne à répondre aux besoins particuliers des victimes et de faire en sorte qu’elles reçoivent les soins appropriés.
À qui s'adresse cette boîte à outils?
Aux survivantes et à leur entourage
Si vous êtes une survivante (ou faites partie de son entourage), apprenez-en davantage sur :
- le traumatisme craniocérébral
- les histoires d'autres survivantes
- les fournisseurs de services régionaux
- la santé mentale et le traumatisme craniocérébral
- la communication et le traumatisme craniocérébral
- les stratégies pour faire face à un traumatisme craniocérébral
Aux intervenants et intervenantes de première ligne
Nous voulons faciliter votre travail. Si vous êtes prestataire de services, apprenez-en davantage sur :
- les défis de communication et les façons de s’adapter
- les stratégies pour travailler auprès de clientes ayant subi de la violence entre partenaires intimes/un traumatisme craniocérébral
- les obstacles et les facteurs favorables
- la question du dépistage
- les lignes directrices relatives aux soins
- les ressources de référence
Le but de cette boîte à outils
Cette boîte à outils est une source d’information et non de formation.
Sensibiliser les intervenants et intervenantes de première ligne et les femmes victimes de violence entre partenaires intimes à l’impact d’un traumatisme craniocérébral.
Aider à identifier les survivantes qui pourraient avoir subi un traumatisme craniocérébral.
Conseiller les prestataires de soins dans leur soutien aux survivantes ayant subi un traumatisme craniocérébral.
Fournir des ressources de référence.
NOTE : Cette boîte à outils a été conçue à des fins éducatives seulement. L’information qu’elle contient ne devrait pas être utilisée pour le diagnostic ou le traitement de traumatisme craniocérébral chez vos clientes.
Foire aux questions
Où puis-je aller pour obtenir un traitement pour mon traumatisme craniocérébral?
Si vous avez récemment subi une blessure à la tête, au cou, au visage ou au corps, ou que vous vous êtes fait secouer violemment ou étrangler, et que vous présentez des symptômes parmi les suivants : douleur au cou, perte de conscience, confusion, irritabilité, mal de tête qui s’aggrave, vomissements, changements de comportement, crise d’épilepsie, convulsions, vision double, faiblesse ou picotement ou brûlure dans les membres, une aide médicale est immédiatement requise. Contactez le 911 ou rendez-vous à l’urgence.
Si vous croyez avoir subi un traumatisme craniocérébral dans le passé et que vous ne présentez pas de signes et de symptômes alarmants, mais que votre santé vous inquiète, prenez rendez-vous avec votre médecin de famille (ou autre professionnel ou professionnelle de la santé) afin d’obtenir une évaluation et une consultation avec un ou une spécialiste.
J'ai subi un traumatisme craniocérébral il y a plusieurs années. Est-il trop tard pour obtenir un traitement ou du soutien?
Il n’est jamais trop tard pour obtenir un traitement si vous pensez avoir subi un traumatisme craniocérébral et que vous éprouvez des symptômes qui nuisent à votre qualité de vie. Il peut être difficile après plusieurs années d’établir un lien entre ces symptômes et un traumatisme craniocérébral. Une évaluation médicale peut donner réponse à d’importantes questions et vous apporter l’aide dont vous avez besoin.
Des programmes de soutien, tels que des programmes de mentorat par les pairs, sont offerts par les agences et les groupes de défense.
Puis-je soumettre une demande de financement pour payer les frais de traitement?
Les programmes communautaires comme les groupes de soutien et les clubs d’activités offerts par les associations peuvent être gratuits. Les traitements médicaux offerts par les centres de réadaptation en milieu hospitalier subventionnés par les fonds publics sont gratuits pour les citoyens canadiens et citoyennes canadiennes et résidents permanents et résidentes permanentes. Ceux-ci sont couverts par le régime public d’assurance maladie, qui peut aussi couvrir les frais de traitement en clinique de consultation externe, à la maison ou en milieu communautaire. Une couverture additionnelle pour des services non couverts par le régime public d’assurance maladie est offerte à certains groupes, comme les personnes âgées, les enfants et les gens à faible revenu.
Est-il fréquent chez les femmes ayant subi de la violence d’avoir un traumatisme craniocérébral?
Il n’existe actuellement aucune statistique fiable quant à l’incidence de traumatisme craniocérébral chez les survivantes de violence entre partenaires intimes. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette réalité, notamment la nature sensible du signalement de violence de la part d’un ou d'une partenaire intime ainsi que le manque de sensibilisation quant au risque de subir un traumatisme craniocérébral dans une relation de violence. Jusqu’à 92 % des incidents de violence entre partenaires intimes impliquent des coups à la tête, au cou, au visage ou un étranglement, qui, tous, peuvent entrainer un traumatisme craniocérébral.
Combien de temps dure un traumatisme craniocérébral?
L’impact d’un traumatisme craniocérébral varie d’une personne à l’autre et dépend d’un nombre de facteurs personnels (vulnérabilités génétiques, blessure au cerveau antécédente, etc.), de leur situation (conditions de vie, statut économique, etc.) et des caractéristiques de leur blessure (gravité, mécanisme, etc.). Lorsqu’une personne subit une première commotion (traumatisme craniocérébral léger), la période de rétablissement peut être relativement courte, soit de quelques jours à quelques semaines avant que la personne revienne à son état d’avant la blessure. Toutefois, dans certains cas, les symptômes peuvent persister. La persistance des symptômes dépend des facteurs susmentionnés. Une personne ayant déjà subi une blessure au cerveau ou ayant des antécédents de troubles psychiatriques ou neurologiques, de contraintes physiques, étant plus âgée, ou qui vivait beaucoup de stress au moment de la blessure peut prendre plus de temps à se rétablir d’une commotion. Dans le cas d’un traumatisme craniocérébral plus sévère, la période de rétablissement peut être encore plus longue, et se reflète considérablement sur la santé et le bien-être de la personne, laquelle pourrait ne pas retrouver le même niveau de fonctionnement qu’avant. Le traumatisme craniocérébral était auparavant considéré comme une manifestation, alors qu’il s’agit plutôt d’un processus pathologique, dont la progression et le rétablissement se définissent par des facteurs uniques à chaque individu. Pour plus d’information, consultez la page Séquelles à long terme.
Comment puis-je obtenir un diagnostic médical de traumatisme craniocérébral?
Il peut s’avérer difficile de diagnostiquer un traumatisme craniocérébral, surtout chez les survivantes de violence entre partenaires intimes, puisque la personne peut ignorer qu’elle a subi un traumatisme craniocérébral ou que les symptômes qu’elle éprouve sont ceux d’un traumatisme craniocérébral. Elle pourrait de même choisir de ne pas consulter un médecin pour ses blessures malgré les symptômes débilitants, et ce, pour toutes sortes de raisons. La seule façon d’obtenir un diagnostic est de se faire évaluer par un médecin. Il est toujours possible d’établir un diagnostic même si la personne a mis du temps avant de consulter. Dans le cas d’une commotion (le type de traumatisme craniocérébral le plus fréquent chez les survivantes de violence entre partenaires intimes), l’évaluation et le diagnostic dépendent du récit de l’événement et des symptômes. Si vous pensez avoir subi un traumatisme craniocérébral récemment ou dans le passé, il est très important de consulter un médecin afin d’être évaluée et de recevoir un traitement au besoin.
Où puis-je trouver les ressources appropriées?
Consultez la page Ressources communautaires et Bibliothèque de ressources pour obtenir des ressources éducatives ainsi que de l’information sur les programmes et services.
Y a-t-il d’autres femmes qui ont vécu une expérience semblable?
Vous n’êtes pas seule. Consultez la page Expériences de survivantes pour connaître les histoires d’autres femmes survivantes de violence entre partenaires intimes.
Qu'est-ce qu'un traumatisme craniocérébral?
Un traumatisme craniocérébral est une blessure au cerveau qui survient lorsqu’une force importante exercée à la tête, au cou ou au visage perturbe les fonctions cérébrales.
Comment savoir si j’ai subi un traumatisme craniocérébral?
Si vous avez reçu un coup à la tête, au cou ou au visage, avez été violemment secouée ou étranglée, et que vous présentez quelconque signe ou symptôme de cette liste, vous pourriez avoir subi un traumatisme craniocérébral. Si cette blessure est récente et que vous présentez des signes et symptômes alarmants, une aide médicale immédiate s’impose. Si votre blessure est survenue il y a un certain temps et que vous ne présentez pas de signes ni de symptômes alarmants, vous devriez tout de même consulter un médecin pour une évaluation afin de déterminer si vous avez subi un traumatisme craniocérébral et avez besoin d’un traitement.
Que se passe-t-il après avoir subi un traumatisme craniocérébral et quelles en sont les conséquences sur ma vie?
Les séquelles d’un traumatisme craniocérébral varient d’une personne à l’autre, et dépendent d’un nombre de facteurs uniques à chaque individu. Ceux-ci comprennent les facteurs personnels (vulnérabilités génétiques, blessure au cerveau antécédente, etc.), sa situation (conditions de vie, statut économique, etc.) et les caractéristiques de sa blessure (gravité, mécanisme, etc.). Le traumatisme craniocérébral peut affecter plusieurs aspects de la vie d’une personne, y compris, mais ne se limitant pas à, la mémoire et autres aptitudes de réflexion, le fonctionnement physique, la capacité de communiquer et de contrôler ses émotions ainsi que l’estime de soi.
Merci à nos partenaires, donateurs et contributeurs
Remerciements
Membres de l’équipe de recherche :
Halina (Lin) Haag, Wilfrid Laurier University & University of Toronto, ABI Research Lab
Nneka MacGregor, WomenatthecentrE
Silvia Samsa, Women’s Habitat
Geoff Sing, The Cridge Centre for the Family
Dr. Nora Cullen, West Park Healthcare Centre
Danielle Toccalino, University of Toronto, ABI Research Lab
Noel Natalia Smith, University of Toronto, ABI Research Lab
Shirin Mollayeva, University of Toronto, ABI Research Lab
Dr. Angela Colantonio, Principal Investigator, University of Toronto, ABI Research Lab
Nous aimerions remercier les personnes suivantes pour leurs contributions matérielles :
Candace Stretch, The Cridge Supportive Housing & Family Services
Janelle Breese Biagioni, The Cridge Centre for the Family Brain Injury Services
Reema Shafi, Krembil Research Institute
Jennifer Estrella, ABI Research Lab